Voila un an maintenant que j’ai commencé ce blog, un an et une semaine pour être exacte…
Dans 3 jours je devrais reprendre une classe, vers Meyzieu ou par là, laissant mes deux enfants et leur papa se démerder sans moi, comme l'an passé, squattant à nouveau chez les potes, leur ramenant par la même occasion mon « carton de la loose », quoi que je crois bien l’avoir oublié sur place la dernière fois :)… Bref…
Il y a un an exactement c’était mon premier jour de classe, et j’étais là-haut, j’avais viré la petite Emmie de sa chambre pour m'y installer, je m’étais présentée aux élèves comme leur nouvelle maîtresse avec qui ils finiraient l’année, alors qu’ici ma petite Lili était malade, la carte vitale était à 900km et les bras de sa maman aussi. Je m’étais lancée dans « la chanson du soir » à mes enfants au téléphone, qui, à la place de les endormir leur avait fait piquer une crise… (28 janvier 2010 : http://mutezmoi.over-blog.org/article-43840974.html )
Cette année j’ai demandé un mi-temps annualisé sachant que moralement et physiquement je ne pourrais pas repartir, que faire ma valise et assurer une classe me seraient insurportables et que faire revivre ça à mes enfants sachant qu’en plus je ne tiendrais pas plus d'un jour serait une absurdité… Alors pourquoi ? Juste pour « gagner les points » indispensables à une éventuelle mutation… Voilà c’est dit ! Le système m’a eu, je suis entrée dans ce beau bordel les 2 pieds dedans pour « garder mon métier ». Aucune morale dans cette histoire donc ?
Je ne suis pas fière de ce que je dois faire aujourd’hui parce que, alors même que j’en ai fait la demande, repartir travailler à Lyon me semble suicidaire… Mais je suis quand même fière du chemin accompli…
Durant cette année le système qui permet d’arriver à de telles situations a été dénoncé jusqu’au plus au lieu…
Tout a commencé par une action « baptême », toute seule au rectorat, pour un premier repérage, puis une semaine de camping avec Elsa, Sarah et Alexandra où Céline C., Quitterie et Céline G. viennent nous rendre visite et s’associer à notre mouvement, puis c’est le début du collectif qui se développe grâce à ce blog et les relais (média, presse, radio, TV). Puis trois audiences obtenues au ministère et à l’Elysée grâce au soutien actif de 2 syndicats (SNUIDI-FO et CFE-CGC) qui se démènent pour nous, chacun à sa façon, avec ses convictions, mais tous deux réclamant que nos situations soient débloquées au plus vite. L’audience du 13 décembre à Paris à été aussi l'occasion pour 12 d’entre nous, de nous rencontrer sous « haute surveillance » , renforçant encore le groupe par un vécu commun, une grande solidarité de toutes et une action symbolique forte. Le groupe apporte à chacune de nous informations, soutien, réconfort, à tout moment du jour (et de la nuit !) grace à des rencontres, le téléphone, les mails, ainsi qu’un « groupe privé » , que vous autres, lecteurs, ne verrez jamais ( enfin j’espère :D).
Et aujourd’hui, une nouvelle action, menée de front par Caroline, dans les Landes, accompagnée cette fois des parents d’élèves pour dénoncer l’absurdité : des dizaines de classes sans enseignant par manque de remplaçants, alors que là, devant le portail, se trouvent des enseignantes voulant travailler, mère de ces mêmes enfants et à qui on refuse leur intégration pour cause de « surnombre » et dans « l’intérêt du service ». Il y a un an, je partais seule en disant « mutez-moi », maintenant nous sommes 48 et non seulement nous voulons notre mutation, parce qu’enseigner est notre choix mais en plus parce qu’il n’est pas admissible qu’on refuse d’intégrer des enseignantes formées et expérimentées pour « l’intérêt du service » alors que la formation des enseignants est réduite à néant et que des élèves, nos propres enfants pour certaines, n’ont plus classe depuis des jours !!! Nous sommes 48, et l’indifférence de nos responsables ne feront qu’augmenter ce nombre, poussées par le soutien d’élus, de syndicats, de parents d ‘élèves et de tous ceux qui nous soutiennent. Nous avons obtenu peu pour le moment, un peu quand même (petite modification des barèmes, intégration d’une enseignante, étude de nos dossier par la DRH au Ministère), mais nous y avons beaucoup gagné.
Il y a un an, l’air de rien, un combat débutait et je suis fière de ce qu’il devient grâce à des femmes engagées, battantes et responsables. Merci les filles!!!